Bataille de Stalingrad 1e partie
Infanterie soviétique progressant dans Stalingrad en ruine
Date Septembre 1942 - 2 février 1943
Lieu Stalingrad, Union soviétique
Issue Victoire soviétique décisive
Belligérants
Union soviétique Troisième Reich
Roumanie
Italie
Hongrie
Croatie
Forces en présence
Jusqu'à 1 103 000 soldats Jusqu'à 1 011 000 soldats
Pertes
1 100 000 soldats tués, blessés 450 000 soldats tués ou blessés
Ou prisonniers 40 000+ civils tués 84 000 prisonniers
Sur le plan stratégique, la bataille de Stalingrad a été un tournant majeur dans la Seconde Guerre mondiale de par sa signification et sa nature. Elle marque le début de la retraite ininterrompue de l'armée allemande en Europe de l’Est jusqu'à la défaite finale en 1945 avec la conquête de Berlin par l'Armée rouge. Elle est considérée comme une des batailles les plus sanglantes de l'Histoire et reste dans les mémoires pour l'intensité de ses combats urbains.
Si la défaite de l'armée allemande devant Moscou en décembre 1941 est le tournant géostratégique de la Seconde Guerre mondiale en Europe, la victoire soviétique de Stalingrad en février 1943 constitue le tournant psychologique. La bataille de Stalingrad, ville du sud de la Russie sur la Volga (appelée aujourd'hui Volgograd), a été marquée par la brutalité et le manque de prise en compte des pertes civiles. Contrairement au « classique » siège, elle a principalement consisté en combats urbains menés par les Allemands et leurs alliés. La bataille inclut le siège allemand de la ville, la bataille à l'intérieur de la ville et la contre-offensive soviétique. Les combats durèrent de fin août 1942 à début février 1943 et firent entre 1 à 2 millions de morts (entre 4 500 et 9 000 morts par jour).
L'armée allemande est défaite à Stalingrad. Ce jour-là, les Allemands se rendent aux forces russes. C'est un tournant décisif de la guerre. Pour les Soviétiques, c'est une victoire extraordinaire de la volonté contre la supposée suprématie militaire allemande. Pour les nazis, ce sont des pertes humaines et matérielles considérables. Et, à partir de ce moment, c'est la bataille pour la survie
La capitulation du tout juste promu maréchal Paulus et des troupes allemandes le 2 février 1943 devant les forces soviétiques est considérée comme le « début de la fin » des forces de l'Axe, qui y perdirent un quart de leurs armées ainsi que l'initiative sur le front de l'Est.
Cependant, de plus en plus d'historiens soulignent qu'un tournant stratégique n'est pas « le » tournant de la guerre, et que les deux tournants géostratégiques majeurs ont été l'opération Barbarossa en juin 1941, qui a rompu l'alliance germano-soviétique et mis l'Armée rouge du côté allié, et l'attaque sur Pearl Harbor en décembre 1941, qui a mis l'industrie américaine au service de la guerre.
Soldats soviétiques ripostant aux soldats allemands
Stalingrad : verrou sur la route du Caucase et ville symbole
Le 22 juin 1941, l'Allemagne et ses alliés de l'Axe envahissent l'Union soviétique, avançant rapidement et profondément dans le territoire ennemi. Après avoir beaucoup souffert pendant l'été et l'automne 1941, les forces soviétiques contre-attaquent lors de la bataille de Moscou en décembre 1941. Les forces allemandes épuisées, mal équipées pour une guerre hivernale et avec des ravitaillements poussés au maximum de leurs capacités, sont arrêtées sinon repoussées dans leur avancée vers la capitale.
Les Allemands stabilisent leur avancée au printemps 1942. Des plans pour lancer une autre offensive contre Moscou sont rejetés, car les troupes ont été fortement affaiblies. La philosophie militaire allemande voulant que dans l'espoir de gains rapides l'attaque se fasse là où cela est le moins prévisible, une attaque sur Moscou aurait été perçue comme trop évidente par certains, et notamment Adolf Hitler. Le Haut Commandement allemand sait alors que le temps joue contre eux, les États-Unis venant d'entrer en guerre après l'attaque sur Pearl Harbor par les Japonais. Hitler veut donc finir le combat sur le front de l'est avant que les États-Unis puissent s'impliquer plus avant dans la guerre en Europe.
Pour toutes ces raisons, de nouvelles offensives vers le nord et vers le sud sont envisagées. Une percée au sud sécuriserait le Caucase riche en pétrole, aussi bien que le fleuve Volga, une voie très importante de transport soviétique en Asie centrale. Ce territoire comprend aussi de grosses industries comme l'usine de tracteurs convertie à la production de chars T-34, l'usine d'armement Barrikady, ainsi que le complexe métallurgique « Octobre rouge ». Une victoire allemande dans le sud de l'Union soviétique endommagerait sévèrement la machine de guerre de Staline ainsi que l'économie du pays, tout en permettant la capture des vastes champs agricoles de cette région. De plus, l'espion russe au Japon, Richard Sorge, a informé Moscou du fait que le Japon attaquerait l'URSS dès que l'armée allemande aurait pris une quelconque ville sur la Volga, coupant l'approvisionnement en pétrole et carburant en provenance de Bakou, et les munitions et ressources en nourriture envoyées par les alliés depuis le golfe Persique à travers l'Iran, l'Azerbaïdjan soviétique, et le long de la Volga.
Le nom de la ville faisant référence au dirigeant soviétique, elle revêt un intérêt symbolique tout particulier pour les deux camps : sa prise serait, pour la propagande nazie, une victoire que Staline ne peut se permettre d'accepter.
Ces éléments contribuent à faire de cette bataille un point de cristallisation des deux armées qui y jettent toutes leurs forces. C'est une guerre totale, une guerre idéologique, économique et militaire qui mobilise les deux pays tout entiers.
L’opération Braunschweig
Operation Blau : Avancées allemandes du 7 mai 1942 au 18 novembre 1942
L'opération Braunschweig, à partir du 23 juillet 1942 est prépondérante dans l'échec allemand. Alors qu'il était initialement prévu lors de la préparation de l'Opération Fall Blau qu'un fort groupement comprenant la 6e Armée et surtout la 4e Panzerarmee, couvertes sur le Don par l'ARMIR (Armata Italiana in Russia), les Hongrois et les Roumains, ainsi que la 2e Armée à hauteur de Voronej devait foncer dans la grande boucle du Don et le corridor Don-Volga, Hitler ordonne que la 4e Panzerarmee (en fait le XLVIII. Panzerkorps renforcé) soit déroutée vers le Caucase, laissant à la seule 6e Armée (également renforcée) la mission de conquérir la grande boucle du Don et la ville de Stalingrad.
Ce changement a deux conséquences désastreuses :
La 6e Armée n'est plus assez puissante pour opérer seule, de manière décisive, dans la grande boucle du Don. Cela entraîne un renforcement de la résistance soviétique face à l'affaiblissement des forces d'assaut allemandes du secteur, entraînant un ralentissement de la progression dans Stalingrad préjudiciable à sa conquête avant l'hiver.
La 4e Panzerarmee, en rejoignant la 1e Panzerarmee et la 17e Armée dans leur progression vers le Caucase, provoque un effet inattendu et catastrophique : elle embouteille complètement les voies logistiques de la HeeresGruppe A en ralentissant également la progression, sans même pouvoir entrer en ligne.
Aussi, à la mi-août 1942, la 4e Panzerarmee est réorientée vers le nord-est, vers Stalingrad. Trois semaines ont ainsi été perdues sans gain notable sur le front du Caucase mais avec des effets négatifs dans la grande boucle du Don.
Contre-attaque soviétique à Stalingrad
En novembre 1942, la Wehrmacht avait déployé, sous le commandement de Friedrich Paulus, la VIe armée, composée de :
IVe Corps d'armée
29e division d'infanterie motorisée
397e division d'infanterie
361e division d'infanterie
VIIIe Corps d'armée
76e division d'infanterie
113e division d'infanterie
XIe Corps d'armée
44e division d'infanterie
375e division d'infanterie
384e division d'infanterie
XIVe Corps d'armée
3e division d'infanterie motorisée
60e division d'infanterie motorisée
16e division blindée
LIe Corps d'armée
71e division d'infanterie
49e division d'infanterie
94e division d'infanterie
100e division de chasseurs (Jäger-Division)
295e division d'infanterie
305e division d'infanterie
389e division d'infanterie
14e division blindée
24e division blindée
Luftwaffe
IVe flotte aérienne
IXe div. de DA (troupes au sol)
VIIIe Corps aérien
Sapeurs
5e organisation (troupes sous le sol)
Vue satellite. De nos jours, Stalingrad s'appelle Volgograd
Vers une âpre bataille
Heinkel He 111 K, un des avions bombardiers utilisés par l'armée allemande durant la bataille de Stalingrad.
Staline interdit l'évacuation des civils de la ville, pensant que leur présence encouragerait une plus grande résistance des défenseurs. Des civils, comprenant les femmes et les enfants, sont mis au travail pour améliorer les fortifications protectrices et continuer de travailler jusqu'au bout dans les usines de tracteurs converties en usines de chars.
Bombardement de Stalingrad.
Un bombardement aérien allemand massif, le 23 août, cause une véritable tempête de feu, tuant 40 000 civils et transformant Stalingrad en un vaste paysage de gravats et de ruines en feu. 80 % de l'espace habitable de la ville est détruit.
L'engagement initial pour la défense de la ville incombe au 1077e régiment anti-aérien, une unité composée principalement de jeunes femmes volontaires sans aucune formation sur les cibles s'engageant au sol. En dépit de ceci, et sans l'appui fourni par d'autres unités soviétiques, les canonniers anti-aériens restent à leurs postes et combattent l'avancée des panzers. La 16e Panzerdivision doit les combattre jusqu'à ce que chacune des 37 batteries anti-aériennes soit détruite.
Vers la fin d'août, les troupes allemandes atteignent la Volga au nord de Stalingrad. Une autre avancée vers le fleuve au sud de la ville suit. Les combattants soviétiques sont donc encerclés dans la ville, adossés à la Volga, malgré divers moyens mis en œuvre pour circuler sur le fleuve.
Vue aérienne de Stalingrad, en septembre 1942
Dans la phase initiale, la défense soviétique est fondée essentiellement sur des « milices ouvrières » composées d'ouvriers indirectement impliqués dans la production de guerre. Les chars continuent d'être produits et équipés par des équipes d'ouvriers d'usine volontaires. Les engins sont conduits directement de l'usine à la ligne de front sans même avoir été peints.
La ville atteint bientôt un état de destruction quasi-total, sous le feu des bombardements allemands. Les civils ont déserté la ville. Parmi les débris, la 62e armée soviétique forme des lignes de défense, avec des points forts situés dans les maisons et les usines. Le combat dans la ville se fait féroce. L'Ordre n°227 de Staline, connu sous le slogan « Pas un pas en arrière ! », en date du 28 juillet 1942 décrète que tout ceux qui fuiraient ou reculeraient de leurs positions sans ordres pourraient être sommairement abattus. Mais les Soviétiques n'ont pas vraiment besoin de cette propagande pour comprendre l'enjeu de cette bataille et se battre. Les Allemands poussant en avant dans Stalingrad souffrent ainsi lourdement. Des renforts soviétiques sont embarqués à travers le fleuve Volga de la rive orientale sous le bombardement constant de l'artillerie et des Stukas. L'espérance de vie d'un soldat soviétique nouvellement arrivé dans la ville a chuté à moins de vingt-quatre heures.
La doctrine militaire allemande est alors fondée sur le principe des équipes d'armes combinées impliquant une collaboration étroite de l'infanterie, du génie et de l'artillerie avec appui aérien. Pour parer ceci, les commandants soviétiques adoptent une technique simple : toujours garder les lignes de front au plus proche. Ceci expose l'infanterie allemande au danger de leur propre feu de soutien, l'obligeant à en limiter l'usage.
Enlisement et batailles de rue sanglantes
Le combat fait rage pour chaque rue, chaque usine, chaque maison, chaque sous-sol et chaque escalier. Les Allemands appellent cette guerre urbaine invisible Rattenkrieg (guerre de rats) et une plaisanterie ironique se répand à ce sujet : Une fois la cuisine capturée, on combat toujours pour la salle de séjour.
Les soldats soviétiques se battent dans un demi-sommeil, car ils dorment rarement plus de trois heures d'affilée : leurs nuits sont entrecoupées d'alertes, attaques, contre-attaques... Les Soviétiques et les Allemands se mitraillent sans cesse à l'aveuglette, en plus des bombardements incessants, pour énerver l'adversaire. Il faut effectuer des reconnaissances de nuit, en rampant dans les décombres, afin de mener des attaques-surprises nocturnes qui terrifient les Allemands. Le contact avec l'arrière est fréquemment coupé, en particulier avec l'état-major, installé de l'autre côté de la Volga. Les postes de commandement sont installés à la va-vite dans les sous-sols (les seuls abris restants), mais sont rapidement détruits. Une simple maison peut être considérée comme une « position stratégique.
La « Maison de Pavlov » en 1943.
Sur le kourgane Mamaïev, une colline de 102 mètres de hauteur, les combats sont particulièrement impitoyables. L'enjeu est crucial pour la Wehrmacht qui veut installer de l'artillerie dans le but de détruire tous les bateaux naviguant sur la Volga. La colline change de mains plusieurs fois et les Allemands n'ont jamais pu installer leur artillerie lourde. Pendant une contre-attaque soviétique pour reprendre le kourgane Mamaïev, les Soviétiques perdent une division entière de 10 000 hommes en un jour. À l’Ascenseur à grain, un énorme complexe traitant le grain dominé par un énorme silo, le combat est si rapproché que les soldats soviétiques et allemands peuvent selon les témoignages s'entendre respirer. Dans une autre partie de la ville, un immeuble défendu par un peloton soviétique sous le commandement d’Iakov Pavlov est transformé en forteresse impénétrable, après s'être fait couper du reste des forces par une attaque allemande. Le bâtiment, plus tard appelé la « Maison de Pavlov », surveille une place au centre de la ville. Les soldats l'ont entourée avec des champs de mines, des nids de mitrailleuses aux fenêtres et ont cassé des cloisons pour améliorer la communication. Ils tiennent plus de 27 jours, ce qui peut-être sert d'exemple dans l'intensité de l'engagement.
Les Allemands transfèrent l'artillerie lourde à l'intérieur de la ville, y compris plusieurs énormes mortiers de 600 mm. L'artillerie soviétique sur la berge orientale de la Volga continue à bombarder les positions allemandes. Les défenseurs soviétiques utilisent les ruines à bon escient comme position défensive, en montant entre autres des pièges (par exemple des tourelles de chars positionnées statiquement dans les ruines). Les chars d'assauts allemands deviennent inutiles dans les tas de débris pouvant aller jusqu'à huit mètres de haut. S'ils parviennent à avancer, ils sont pris sous le feu antichar soviétique provenant des toits. Ces conditions ralentissent la progression allemande.
Pour Staline et Hitler, la bataille de Stalingrad est devenue une question de vie et de mort. Le commandement soviétique déplace les troupes de réserve stratégiques de l'Armée rouge à Moscou vers la Volga et transfère toute l'aviation disponible du pays entier à Stalingrad. Les pressions sur les deux commandants militaires sont immenses : Paulus développe un tic incontrôlable à son œil et Tchouïkov éprouve une manifestation d'eczéma qui exige de lui bander complètement les mains.
En novembre, après trois mois de carnage et d'avance lente et coûteuse, les Allemands atteignent finalement les rives du fleuve, capturant 90 % de la ville ruinée et coupant les forces soviétiques restantes en deux poches étroites.
La contre-attaque soviétique
À l'automne, le général soviétique Gueorgui Konstantinovitch Joukov responsable de la planification stratégique dans la région de Stalingrad, concentre les forces soviétiques dans les steppes au nord et au sud de la ville. Le flanc nord allemand est particulièrement vulnérable, puisqu'il est défendu par les unités hongroises et roumaines dont l'équipement est inférieur et le moral bas. Le plan de Joukov est de maintenir les Allemands vers le sud dans la ville, de passer à travers les larges flancs allemands faiblement défendus et de les encercler à l'intérieur de Stalingrad. Cette opération, dont le nom de code est Uranus, est lancée le 19 novembre 1942, en même temps que l'Opération Mars qui, elle, est dirigée vers le centre.
Soldats soviétiques ayant fait des prisonniers de guerre allemands passent devant le silo à grain de Stalingrad en février 1943.
Les unités soviétiques attaquent sous le commandement du Général Nikolaï Vatoutine. Elles sont composées de trois armées complètes, la 1ère de la Garde, le 5e Régiment de chars d'assauts et la 21e Armée, y compris un total de dix-huit divisions d'infanterie, de huit brigades de chars (T-34 M40), de deux brigades motorisées, de six divisions de cavalerie et d'une brigade antichar. Les troupes roumaines continuent à demander des renforts sans résultat. Trop écartée, dépassée en nombre et mal équipée, la 3e Armée roumaine, qui tient le flanc nord de la 6e armée allemande, est brisée après une défense d'une journée.
Le 22 novembre, les deux pinces de la tenaille se rejoignent à Kalatch, parachevant l'encerclement de Stalingrad.
Isolement des forces allemandes et ordres suicidaires
Coupées de leurs arrières par la manœuvre d'encerclement opérée par les Soviétiques, les forces allemandes ne peuvent plus compter que sur elles-mêmes. Peu après, la perte des aérodromes de Tazinskaia et Morozovskaïa aggrave encore la situation. L'aviation allemande se voit en effet dans l'impossibilité d'organiser un pont aérien efficace et donc de fournir vivres, munitions et hommes. Ceci, cumulé à la pression exercée par l'Armée rouge, rend la situation intenable.
La retraite
Quelques unes des scènes les plus affreuses eurent lieu aux abords du pont d'Akimovski, où les soldats se battirent littéralement pour tenter de gagner la rive orientale du fleuve. Les blessés et les plus faibles furent piétinés. Les officiers se menaçaient parfois entre eux pour essayer de faire passer leurs hommes les premiers.
De nombreux soldats tentèrent, pour éviter les encombrements qui bloquaient le pont, de traverser à pied le Don gelé. Or, si la glace était épaisse et solide près des rives, elle était parfois mince et fragile vers le centre. Ceux qui passaient à travers étaient condamnés. Nul ne pensait même à leur venir en aide. Les comparaisons avec ce qu'avaient connu les soldats de Napoléon au passage de la Berezina venaient immédiatement à l'esprit.
A Peskovatka, par exemple, un officier de chars signalait le comportement frénétique d'une unité de DCA de la Luftwaffe brûlant et faisant sauter dans une folie complète les réserves de vivres et de matériel. D'une façon générale, les soldats pillaient tous les dépôts qu'ils rencontraient. Ils remplissaient leurs sacs et leurs poches de boîte de conserve. Ils en ouvraient d'autres avec leurs baïonnettes sans savoir ce qu'elles pouvaient contenir.
Des soldats n'ayant pas reçu de tenues d'hiver et voyant les hommes de l'intendance en brûler par paquets entiers se précipitaient dans les flammes pour aller les récupérer. Dans le même temps, le Feldpostamt mettait au feu des piles de lettres et des colis dont beaucoup contenaient des vivres envoyés d'Allemagne.
Les divisions blindées, commandées par Von Manstein, que le commandement de la Wehrmacht a envoyées pour briser l'encerclement de Paulus sont arrêtées et repoussées par l'Armée rouge, d'autant que Paulus refuse de désobéir aux ordres d'Hitler et de tenter une sortie. Cet échec scelle le sort des troupes assiégées. Hitler octroie cependant à Paulus le titre de maréchal, afin d'inciter ses hommes à le défendre jusqu'au-delà de leur courage, car aucun récipiendaire de cette haute distinction n'a jamais été capturé. Hitler justifie ce sacrifice en expliquant que ces troupes permettent de fixer sept armées russes, ce qui lui laisse le champ libre pour attaquer un autre secteur que celui de Stalingrad. Les soldats de la VIe armée doivent impérativement mourir au combat, d'autant que les conditions de captivité qui attendent les survivants sont atroces, car les Soviétiques vouent une haine profonde à l'occupant naziqui s'est rendu coupable de massacres de populations lors de sa progression.
Les troupes de la RKKA (Rabotche-Krestianskaïa Krasnaïa Armïa - l'Armée rouge des ouvriers et paysans) procèdent alors au morcellement des unités adverses en coupant le secteur sud de Stalingrad du secteur nord.
Prisonnier de guerre allemand.
La découverte par les Soviétiques de Paulus et de son état-major, cachés dans une cave, accélère la capitulation des forces allemandes qui a lieu le 31 janvier 1943 pour le secteur sud et le 2 février 1943 pour le secteur nord. Paulus donne personnellement à ses troupes l'ordre de se rendre.
Les Soviétiques s'emparent de 60 000 véhicules, 1 500 blindés et 6 000 canons. Ils capturent 91 000 prisonniers, dont 24 généraux. 85 000 des 91 000 prisonniers meurent durant la terrible marche, d'inanition, de faim, de froid ou de maladie, ou en captivité au cours de la décennie suivante. 5 000 des 91 000 prisonniers allemands de Stalingrad survivent aux camps soviétiques.Les derniers d'entre-eux seront rapatriés en Allemagne en 1954.