Opération Barbarossa 1e partie
L'opération Barbarossa en 1941.
Date 21 juin 1941 - Février 1942
Lieu Biélorussie, Ukraine, Lituanie, Lettonie,
Issue Victoire tactique allemande mais défaite stratégique
Majeure Estonie, Ouest de l'Union soviétique
Belligérants
URSS Allemagne, Roumanie, Finlande,
Italie, Hongrie, Slovaquie
Forces en présence
2 300 000 Hommes 3 200 000 hommes
15 000 chars 3 648 chars
9 000 avions 2 700 avions
Pertes
1 500 000 morts 700 000 tués et disparus
4 000 000 prisonniers dont 650 000 blessés
2 000 000 périssent sous la garde
De la Wehrmacht
L’opération Barbarossa (en allemand, Unternehmen Barbarossa), nommée en référence à l'empereur Frédéric Barberousse, est le nom de code désignant l'invasion par le IIIeReich de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) pendant la Seconde Guerre mondiale. Déclenchée le 22 juin 1941, elle ouvre le front de l'Est qui devient le théâtre d'opération principal de la guerre terrestre en Europe (de 1941 à 1945, 80 % des pertes de la Wehrmacht sont subies sur le front russe) et le facteur crucial dans le succès ou la défaite du Troisième Reich nazi. Ce front va être le théâtre des plus grandes et des plus sanglantes batailles terrestres de la Seconde Guerre mondiale. Cette invasion marque aussi un tournant dans la guerre, jusque-là, encore assez localisée et européenne. Elle va bientôt embraser le monde entier.
La Wehrmacht possède une supériorité initiale considérable en hommes (de 2 contre 1 au minimum) et en équipements. Elle est mieux organisée, bien mieux commandée et dispose, au moins jusqu’à la gigantesque bataille de Koursk de juillet 1943, d'une incontestable supériorité tactique. Elle bénéficie de l'effet de surprise. L'Armée rouge, si elle est loin d'être préparée au choc avec l'Allemagne, décapitée par les Grandes Purges, dispose cependant d'importantes réserves humaines, d'avantages matériels certains (base industrielle, armements) et d'un patriotisme russe que Staline saura opportunément réactiver après vingt ans de répression sous la férule d'un État en guerre permanente contre sa propre société. Le nazisme, qui ne laissera aux « Untermenschen » d'autre alternative que la mort ou l'esclavage, jouera également un rôle important dans le sursaut patriotique.
7 novembre 1941, des unités de l'armée rouge défilent à Moscou avant de partir pour le front alors à 30 km
Comme en 1914, l'Allemagne entend agir rapidement : le plan Barbarossa fixe à quatre mois le délai nécessaire à l’anéantissement militaire de la Russie, cœur névralgique de l’Union soviétique. En pratique, l'opération Barbarossa s'étendra de juin 1941 à janvier-février 1942, l'échec allemand de la bataille de Moscou étant le dernier épisode de la première phase du conflit sur le front russe.
Les justifications de cette invasion sont historiques (l'échec du plan Schlieffen en 1914 qui a conduit au traité de Versailles ressenti comme une humiliation par l'Allemagne de 1919), stratégiques (la conquête du Heartland russe comme levier de la domination globale du continent européen) et idéologiques (la mise en œuvre géopolitique du nazisme), l'aboutissement affiché de la politique nazie étant la conquête d'un espace vital à l'Est : le Lebensraum.
Situation politique et diplomatique
La situation au printemps 1941 semble largement en faveur de l'Axe. La France a été vaincue en quelques semaines, le corps expéditionnaire britannique a été défait. Une partie majeure de l'Europe est occupée. À l'Est, Adolf Hitler a mis en place des régimes alliés de gré ou de force : Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Slovaquie. Le seul ennemi en guerre qui lui tienne encore tête est la Grande-Bretagne et son empire, qui résistent en grande partie grâce à une volonté collective incarnée par Winston Churchill, mais elle n'a été sauvée jusque-là que par son insularité. Au demeurant, la Grande-Bretagne ne constitue pas, en Europe continentale, une menace militaire terrestre suffisamment significative pour inquiéter la Wehrmacht.
Hitler connaît les risques d'attaquer l'Union soviétique, mais il estime qu'il doit agir immédiatement car, en 1941, l'Armée rouge est désorganisée et profondément affaiblie par les Grandes Purges staliniennes. Encore éloignés de la guerre, les États-Unis d'Amérique penchent cependant de plus en plus du côté des Alliés. Invaincue, la Wehrmacht, fait figure de première armée du monde en 1941. La situation semble donc favorable à la conquête du « Lebensraum ». Une seule puissance continentale peut encore empêcher cette conquête : l'Union soviétique. Depuis la signature du Pacte germano-soviétique (1939), dans lequel l'URSS voit un moyen de se protéger après les accords de Munich (Allemagne-France-Grande Bretagne) de 1938, et grâce auquel l'Allemagne et l'Union Soviétique se sont partagé le territoire de la Pologne, les deux pays, malgré l'opposition inconciliable des idéologies qui les dirigent, ont ostensiblement établi des relations amicales de façade et des relations commerciales qui profiteront surtout au Troisième Reich jusqu'en juin 1941.
Carte de l’annexion Soviétique et le Troisième Reich, après le traité de non-agression de 1939-1940
L'invasion crée le front stratégique majeur du second conflit mondial
En déclenchant l'opération Barbarossa, le régime nazi provoque l'ouverture d'un front auquel le Reich doit désormais consacrer l'essentiel de ses moyens militaires, de ses ressources industrielles et humaines. Engagée dans une guerre totale contre l'Union soviétique, l’industrie de guerre allemande « tournera » au maximum de ses capacités et ne cessera de se développer jusqu’au début de 1945 (ses dépenses militaires passeront de 35% de son PNB en 1940 à 65% en 1944). Non seulement l’Allemagne, première puissance industrielle du continent, affecte la totalité de ses ressources économiques à sa production de guerre, mais elle exploite également systématiquement à cette fin les ressources industrielles, économiques, démographiques de l’Europe occupée.
Du déclenchement de « Barbarossa » aux dernières étapes de la guerre, en mars 1945, la Wehrmacht consacrera l’essentiel de ses ressources en hommes et en matériels au front de l'Est, sans jamais être en mesure, à partir de l’hiver 1941-1942, de prendre l’initiative, si ce n’est dans des secteurs de plus en plus étroits du front. En juillet 1943, lors de la gigantesque bataille de Koursk, à peine sept divisions et deux brigades (2,7% des forces allemandes) étaient engagées face aux Américains et aux Britanniques dans les affrontements de la guerre du désert. Le reste (91 divisions et 3 brigades) se trouvait cantonné dans les territoires de l’Europe occupée. Les Alliés prendront pied en Afrique du Nord en novembre 1942 (débarquement de 70 000 hommes à Alger et Oran et au Maroc), en Sicile en juillet 1943 (débarquement de 160 000 hommes), en Italie à Salerne (sud de Naples) en septembre 1943 et à Anzio en janvier 1944, mais les moyens engagés pèseront de peu de poids (la Wehrmacht aura 23 divisions en Italie début 1944) comparés à la démesure des effectifs et des matériels présents depuis juin 1941 sur le front russe. Durant les quatre années que dura le conflit germano-soviétique il y eut, en permanence, une moyenne de 9 millions d'hommes simultanément impliqués dans les opérations de ce front.
Réunion entre Rudolf Hess, Heinrich Himmler Reinhard en mars 1941
Le cumul des pertes militaires de l’Union soviétique et de l’Allemagne nazie, dans sa guerre d'invasion de l'Union soviétique, se monte à 80% du total de toutes les pertes militaires enregistrées sur le théâtre d’opération européen de 1940 à 1945. C'est sur le front russe que la Wehrmacht aura les reins brisés, bien avant le débarquement des Alliés en France. Après le débarquement de Normandie d'un corps expéditionnaire en juin 1944, c’est encore à l’Est que les Allemands continueront à engager et à perdre la majorité de leurs hommes. La comparaison des pertes subies par la Wehrmacht sur les deux fronts à partir de juin 1944 montre la part presque exclusive du front russe même après ce débarquement. Du 1er juillet au 31 décembre 1944, pendant cinq mois, lors de la grande offensive soviétique contre le groupe d’armées du Centre, les Allemands perdront chaque mois en moyenne 200 000 soldats et près de 4 000 Hiwis, des auxiliaires étrangers (russes) de l'armée allemande. À l’Ouest, au cours de la même période, c’est-à-dire après le débarquement allié en France, la moyenne des pertes allemandes s’élèvera à 8 000 hommes par mois soit un rapport de 1 à 25.
Les pertes en vies humaines seront colossales et sans précédent, les conditions de vie seront effroyables pour les deux camps. En 2001, les historiens russes estimaient les pertes du conflit germano-soviétique à 26,2 millions de tués (environ 16% de la population de l’Union soviétique de 1940) dont plus de 11 millions de soldats et officiers (6,8 millions de tués directs et 3,8 millions de prisonniers de guerre décédés entre les mains de la Wehrmacht), et surtout 15,6 millions de civils puisque l’importance sans précédent des pertes civiles est d’abord la conséquence d'une guerre d’anéantissement menée en Union soviétique par le Reich nazi. 34 millions de Soviétiques furent mobilisés dans les rangs de l'Armée rouge de 1941 à 1945. L’ampleur de l’engagement allemand fut gigantesque : quelques 20 millions d’Allemands portèrent, à un moment ou à un autre, l’uniforme de la Wehrmacht sur le front russe, de sorte que c’est toute la société allemande qui fut impliquée dans l’expérience de la guerre sur le front de l'Est. Celle-ci fut voulue comme une lutte à mort, exigeant un engagement sans limites, une obéissance absolue, la destruction totale de l’ennemi. À ce titre, la guerre totale déclenchée contre l'URSS constitue non seulement le sommet du régime nazi, mais aussi l’élément essentiel de son image dans la mémoire collective des Allemands après la guerre. Pour l’écrasante majorité des soldats allemands, l’expérience de la guerre fut celle du front russe.
Propagande allemande, des soldats fraternisent avec des civils soviétiques
À la fin du mois de mars 1945, la totalité des pertes de l’Ostheer (le nom de la Wehrmacht sur le front russe) s’élevait à 6 172 373 hommes (tués, mutilés, disparus), soit près du double de ses effectifs initiaux, au 22 juin 1941. Ce chiffre représente 80 % des pertes subies par la Wehrmacht sur tous les fronts depuis le déclenchement de l’invasion de juin 1941. En mai 1945, on dénombre plus de 3 millions de prisonniers allemands détenus en Union soviétique. Tous camps confondus, les tués de l’Armée rouge, hors les 3,8 millions de prisonniers de guerre soviétiques décédés après leur capture, constituent 52 % du total des pertes militaires en Europe, ceux de la Wehrmacht 28 % (moins de 2% pour l'armée des États-Unis). Les pertes militaires de l’Union soviétique représentent 85 % du total des pertes alliées en Europe (Royaume-Uni 3,7 % - France 2,9 % - États-Unis 2,6 %). Enfin, le front ouvert en juin 1944 en France aura, militairement, environ 11 mois d’existence contre 47 mois pour le front russe ouvert en juin 1941.
Préparatifs allemands
Les motivations allemandes pour attaquer sont triples. Motivation historique (réparer l'humiliation de la défaite non reconnue de la Première Guerre mondiale face à l'alliance russo-franco-britannique de 1914), motivation stratégique car l'existence même de l'Union soviétique fait peser une menace sur les plans de domination globale du Troisième Reich, et motivation idéologique et xénophobe car à la lecture de Mein Kampf d'Adolf Hitler, les projets allemands apparaissent explicites s'agissant des ressortissants de la Russie soviétique. Les vastes espaces de l'Union soviétiques sont destinés à être le Lebensraum, l'espace vital allemand, une fois débarrassé de ses populations. Les populations urbaines doivent être exterminées par la famine, celles rurales mises en esclavage pour fournir des surplus alimentaires destinés à l'Allemagne et à la colonisation aryenne.
L'idéologue du parti nazi Alfred Rosenberg a déjà prévu le découpage du territoire à conquérir. Quatre Reichskommissariat seront créés, à savoir : l'Ostland comprenant les pays baltes et la Biélorussie, celui d'Ukraine, le Kaukasus avec la zone autour des monts du Caucase et celui de Moskau pour le reste de la Russie européenne.
Matériel Soviétique capturé par l’armée allemande
Du fait de son caractère éminemment politique, l'opération est principalement une création d'Hitler. L'état-major de la Wehrmacht est alors réticent car il craint de devoir combattre sur deux fronts simultanément (un front terrestre contre la Russie, un front maritime et aérien contre la Grande-Bretagne). Mais le Führer, auréolé du prestige des victoires fulgurantes en Pologne et surtout en France, croit en son génie politique et militaire et refuse de leur prêter l'oreille. Opposé, lui aussi, par principe, à la division de ses forces sur deux fronts qui fut, à ses yeux, la grande erreur du Reich lors de la Première Guerre mondiale, il finit par se convaincre lui-même que le Royaume-Uni est à bout de souffle et demandera la paix une fois l'Union soviétique vaincue et démantelée car il ne veut pas différer plus longtemps sa grande conquête à l'Est. Il surestime ses forces, prenant en compte ses victoires éclairs contre la Pologne puis la France, et sous-estime celles de la Russie soviétique, du fait des faibles performances de l'Armée rouge au cours de la Guerre d'Hiver contre la Finlande (125 000 soldats soviétiques y périrent contre 48 000 hommes pour l'armée finlandaise). La préparation de l'armée allemande souffrira donc de plusieurs carences qui se révèleront fatales pour la réalisation des objectifs de l'opération Barbarossa quand il deviendra évident que la Blitzkrieg est inopérante en Russie.
Soldats russes lançant des grenades
La première mention d'une invasion de la Russie soviétique apparaît dans la directive n°21 du Führer, mise en circulation restreinte fin 1940."Les armées allemandes, précisait la directive, doivent être prêtes, avant même la conclusion de la guerre contre l'Angleterre, à écraser la Russie soviétique à la faveur d'une rapide campagne". À l'époque, la Luftwaffe n'a pas encore été mise en échec au-dessus de l'Angleterre. La directive indique déjà la date de l'invasion: le 15 mai 1941. Dès ce document, le plan de conquête et les objectifs à atteindre sont tracés, avec la séparation en deux du champ de bataille : le nord et le sud des marais du Pripet. Les deux groupes d'armées au nord doivent dans un premier temps détruire le maximum de forces soviétiques en appliquant les tactiques de la Blitzkrieg, puis prendre d'abord Léningrad et son port de guerre de Kronstadt, et seulement ensuite la capitale Moscou. Le groupe sud, lui, doit progresser vers Kiev, son flanc droit étant couvert par l'armée roumaine et quelques divisions allemandes. Par la suite, les opérations au sud ont pour objectif l'occupation du bassin du Donets (et au-delà le pétrole du Caucase). Le plan préparé par Hitler est axé sur la destruction des forces soviétiques sur la frontière grâce à des encerclements réalisés à toute vitesse par des unités blindées et à la capture des grands centres économiques. Il rencontre une certaine défiance de la part d'une partie de l'état-major de la Wehrmacht, davantage attaché à des stratégies plus conventionnelles, où la capture de la capitale politique, objectif symbolique, est prédominante. Même si Hitler considère ces préoccupations d'un autre temps, il concèdera la poursuite simultanée des objectifs que sont Moscou et Léningrad. Lors de la mise en œuvre de ce plan, le groupe Nord sera incapable de prendre Léningrad seul, malgré sa supériorité en effectifs et en artillerie sur la faible garnison qui protège la ville de Pierre le Grand et décidera de l'affamer.
Plan d'origine des Allemands
Hitler décide que le premier but à atteindre est l'anéantissement de l'Armée rouge le plus tôt possible, pour l'empêcher de se replier et d'appliquer la politique russe traditionnelle de défense devant toute invasion majeure : la terre brûlée. Pour ce faire, la Wehrmacht doit encercler, chaque fois qu'il sera possible, des portions importantes des forces soviétiques pour les anéantir.
Le plan adopté est une sorte de mélange des deux stratégies. Il prévoit une attaque sur trois axes, avec du nord au sud :
Une poussée vers Léningrad, à travers les pays baltes, menée par les 16e et 18 e armées, ainsi que le 4e groupe blindé, regroupé dans le groupe d'armée nord commandé par le maréchal Wilhelm Ritter von Leeb et appuyé par la 1re flotte aérienne du général Alfred Keller.
L'attaque principale menée par le groupe d'armées Centre, commandé par le maréchal Fedor von Bock, et comprenant les 2e et 4e armées, ainsi que les 2e et 3e groupes blindés, le tout étant soutenu par la 2e flotte aérienne du général Albert Kesselring. L'objectif de ce groupe est Moscou, mais grâce à sa position centrale, il doit appuyer les deux autres mouvements et s'attacher à anéantir le maximum d'unités soviétiques.
Le groupe d'armées Sud, commandé par le maréchal Gerd von Rundstedt et comprenant les 6e, 11e et 17e armées ainsi que le 1er groupe blindé, appuyé par la 4e flotte aérienne du général Alexander Löhr. Il doit bénéficier de plus, dès leur entrée en guerre, de l'appui non négligeable des 3e et 4e armées roumaines. Il a pour objectifs premiers la ville de Kiev, le port d'Odessa, puis les grandes villes industrielles de Kharkov, Dniepropetrovsk et Donetsk. Ses objectifs finaux étant les ports de Sébastopol en Crimée, Rostov-sur-le-Don et la grande ville de Stalingrad, clé du contrôle de la Volga.
Char allemand traversant une rivière
La campagne doit au final établir, avant l'hiver, un front qui partant de Léningrad suivrait le cours de la Volga, jusqu’à son embouchure. D'ici là, l'Allemagne compte sur une destruction complète de l'Armée rouge, car les effectifs engagés seront incapables de mener les tâches d'occupation du pays conquis et la tenue de ce gigantesque front, long de plusieurs milliers de kilomètres. Le 12 août 1941, le maréchal Wilhelm Keitel, chef de l'Oberkommando de la Wehrmacht, indique dans sa directive 34a le principal objectif opérationnel de l'offensive: L'objet des opérations doit être de priver l'ennemi, avant la venue de l'hiver, de son gouvernement, de son armement et de son centre de communication dans la région de Moscou, et de l'empêcher ainsi de reconstituer ses forces et de faire fonctionner de façon ordonnée ses organes de gouvernement.
Benito Mussolini et Adolf Hitler
Initialement fixée au 15 mai 1941, l'invasion est finalement reportée au 22 juin afin de terminer les opérations de conquête de la Grèce et de la Yougoslavie, rendues nécessaires, dans l'esprit d’Hitler, par le putsch de Belgrade de mars 1941 (suite aux déboires de Mussolini en Grèce).
Le manque de préparation soviétique
L'inéluctabilité d'une guerre avec une Allemagne nazie qui considère l'URSS comme son "espace vital" (en allemand Lebensraum) ne fait guère de doutes en URSS. Des efforts colossaux sont faits pour essayer de rattraper le retard industriel et militaire sur l'Allemagne (on peut ranger au titre de ces "efforts" les purges au sein de l'Armée rouge, qui l'ont pourtant, au moins à court terme, fortement affaiblie). Staline, conscient de l'infériorité militaire de l'Union soviétique, espère parvenir à combler ce retard pendant le répit accordé par le pacte germano-soviétique. En particulier, il veille à ne céder à aucune provocation allemande, comme les violations de l'espace aérien soviétique par des avions de reconnaissance allemands, ainsi qu'à ne pas provoquer lui-même l'Allemagne en engageant des préparatifs de combats. En juin 1941, malgré les risques croissants d'une attaque allemande, il refuse les mesures les plus élémentaires de préparation au combat, comme la création de fortifications de campagne, la dispersion des matériels et la mise en alerte de l'Armée rouge. C'est donc dans un relatif état d'impréparation que l'attaque allemande du 22 juin surprend l'URSS.
Soldats allemands avec UN char Soviétique détruit à Kaunas
Vassili Grossmann, témoin direct du front, raconte dans ses « Carnets de guerre » : "Au moment où la guerre a commencé, beaucoup de commandants en chef et de généraux étaient en villégiature à Sotchi. Beaucoup d’unités blindées étaient occupées à changer les moteurs, beaucoup d’unités d’artillerie n’avaient pas de munitions, pas plus que, dans l’aviation, on n’avait de carburant pour les avions.... Lorsque, depuis la frontière, on commença à avertir par téléphone les états-majors supérieurs que la guerre avait commencé, certains s’entendirent répondre : « Ne cédez pas à la provocation ». Ce fut une surprise, au sens le plus strict, le plus terrible du terme".
La surprise ne fut pas totale pour le pouvoir soviétique puisqu'il a été établi que l'espion Richard Sorge et les analystes suédois menés par Arne Beurling avertirent Staline de la date exacte de l'invasion allemande. Plus de 80 avertissements furent transmis, d'une manière ou d'une autre, à Staline, qui préférait croire que l'Allemagne n'attaquerait que plus tard. Il semble que Staline se soit entêté dans l'idée qu'Hitler n'ouvrirait pas un second front sans en avoir fini avec l'Angleterre. Il refusa catégoriquement toute mesure risquant d'être perçue comme une provocation par le régime de Berlin.
Carte de la guerre en URSS